Les S.A.S.
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SAS en algerie

En général les jeunes marchaient. Il y avait l'enthousiasme, le renouveau, l'espoir de faire de ce beau et malheureux pays un sol enfin français où tout le monde aurait les mêmes droits. Droit à la terre, droit à la justice, à la vie, au bonheur. Bronzé ou pas, musulmans de la Casbah ou petits Blancs de Bab-el-Oued sur pied d'égalité ! L'Algérie française de ces jeunes officiers était un beau rêve. Ils s'y donneront à fond. Et, lorsqu'ils se réveilleront, qu'on leur expliquera, preuves à l'appui, que ce n'était qu'un rêve, ils se replieront en eux-mêmes, se réfugiant derrière la discipline, ou se révolteront ouvertement selon leur caractère. Pourquoi ne nous avoir rien dit ? Pourquoi nous avoir laissés nous engager ? Pour ceux-là, les meilleurs, ni l'obéissance ni la révolte n'effaceront l'amertume.
Mais beaucoup d'autres officiers ne voyaient dans ce travail de S.A.S. qu'une corvée qui les éloignait singulièrement du tableau d'avancement. Ce n'est pas à l'ombre des S.A.S. que l'on décroche des citations, des étoiles sur la valeur militaire, des galons pour l'épaulette ! Pour eux la paperasserie, les besognes de police, l'assistance médicale, l'école, l'architecture ou l'urbanisme, sans compter les rapports avec le commandant de secteur et le sous-préfet, son adjoint, n'avaient rien d'exaltant

Alors le train-train s'installait. Pour les anciens officiers des affaires indigènes parmi lesquels on avait particulièrement choisi les responsables de S.A.S., c'était une nouvelle jeunesse. Le passé que l'on retrouvait. Les populations à administrer, les litiges à trancher, la police à organiser, rien de nouveau dans tout cela.
Et à l'heure de la guérilla, à l'heure de la prise en main des populations, à l'heure de la guerre subversive, beaucoup organisèrent leur petite vie « pépère » comme au bon vieux temps de la commune mixte ! Cette commune mixte dont justement on devait se débarrasser à tout prix. Payés par l'administration alors que les harkis l'étaient par l'armée et que les paysans installés en autodéfense ne l'étaient pas du tout, ils recréaient toutes les conditions de la vie d'autrefois avec ses gardes champêtres prévaricateurs, son incroyable paperasserie, ses populations découragées et méprisées...
Là n'était pourtant pas le plus grave, c'était simplement désespérant. En revanche, l'apport de renseignements sans cesse réclamés par les unités de secteur allait provoquer des abus pour le moins regrettables. L'officier S.A.S., en rapport direct avec la population, recueillait toutes sortes d'informations. Et, comme il se produit dans tous les pays du monde en période troublée, les meilleurs sentiments étaient loin d'animer tous les informateurs. Si les autorités locales, civiles ou militaires, ne savaient ou ne voulaient les contrôler et les freiner, on pouvait s'attendre aux pires injustices. Elles ne furent pas l'un des moindres facteurs de l'échec de la pacification qui n'obtiendra des résultats probants qu'après l'arrivée du général Challe. Mais pourrait-on encore appeler cela de la pacification ?

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La pacification